Avez-vous déjà vu cette affiche quelque part ?
Moi, je l'ai découverte il y a peu, en zonant sur Nautiljon. Ce film, réalisé en 2010 au Japon, a pourtant fait beaucoup parler de lui.
Voici un résumé, tiré de Nautiljon :
"Moriguchi Yuko est professeur dans une école de secondaire.
C'est une femme qui a tout perdu : son futur mari, et sa petite fille de quatre ans, Manami. Le corps de sa fille est retrouvé dans une piscine et d'après le rapport de police, il s'agirait d'une mort accidentelle.
Yuko Moriguchi mène sa petite enquête et découvre que sa fille n'est pas décédée des suites d'un accident, mais qu'elle a été assassinée par deux de ses élèves.
Sachant que la loi interdit l'emprisonnement et la répression contre les mineurs, elle décide de prendre les choses en mains et va tout mettre en oeuvre afin que les coupables se repentissent de leur crime, en leur faisant prendre conscience que la vie est précieuse."
Qui aurait pu croire que Testuya Nakashima, le réalisateur de "Kamikaze Girl", film pop à souhait où se promènent yakuza et lolita, produirait un tel thriller ?
Par quoi commencer ?
L'HISTOIRE (peut-être)
Le titre "confessions" fait référence aux successions de points de vue de certains personnages. Comme si chacun avait quelque chose à révéler, qu'il cachait au fond de soi. La révélation, amenée petit à petit, est servie telle une vengeance : froide et cruelle. Le ton est donné dès le départ, grâce au discours de l'institutrice. Après avoir annoncé son départ de l'école planifié un mois plus tard, elle commence à raconter son histoire sur le thème de la "vie" de manière très calme. Pourtant, c'est bien là qu'elle explique le drame de sa vie : le meurtre de sa petite fille de 4 ans.
Au début de son monologue, la classe continue à faire du brouhaha, chahutant à tout va sans écouter ce qu'elle raconte. Mais peu à peu, le silence arrive...pesant : le meurtrier est dans la classe. Ou plutôt LES meurtriers. Si le silence s'est installé, l'agitation elle ne cesse pas ! C'est au tour des téléphones portables d'affirmer "je sais qui c'est, je sais qui c'est !" alors que les élèves se toisent. La femme ne désire pas nommer les deux meurtriers les nomme "A" et "B" mais décrit avec précision comment ils ont procédé.
Pour elle, c'est le début de sa vengeance.
Là où le réalisateur a marqué des points, c'est sans doute dans la mise en scène. Le film est compliqué et ce n'est sûrement pas les nombreux détails qui vont nous aider. Pourtant, ce sont bel et bien chaque petite information, distillée par-ci par-là à travers les "confessions" des personnages qui permet de donner le sens de cette histoire, ou plutôt de cette vengeance de longue haleine. Les plans sont biens choisis, les silences et les musiques répartis de façon contrôlée permettent de donner une ambiance sérieuse, stressante...et il faut l'avouer aussi : malsaine. Oui, car il faut quand même noter que sous des sons blues se déroulent des humiliations et des crimes !!
Ici, ça représente le nombre de points acquis par discrimination par personne...
Il faut quand même que je vous avoue un truc....Je ne regarde quasiment jamais de thriller, parce que ça me fait flipper.
Pourtant, c'est grâce à ce film que je viens de découvrir à quel point le côté psychologique est important. Cette oeuvre va rester très longtemps une référence à mes yeux. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ici, l'histoire ne concerne pas un tueur à gages génial ou un super détective qui se venge...mais une femme sans arme ni pouvoir. En fait, si, elle a une arme : son mental. N'étant pas très attirée par ce genre (et donc ne sachant pas grand chose au final), la signification du mot "thriller" prend une nouvelle dimension pour moi grâce à ce film, car c'est la première fois que je sens autant la "psychologie" des personnages. Ce qui les fait se mouvoir, se comporter, vivre...Ici, le réalisateur a su donner une image à la psychologie d'un personnage atteint moralement (sans faire de généralité bien sûr). C'est bouleversant.
D'un côté, on a les élèves qui tout en ne voulant pas dénoncer les coupables s'en donnent à coeur joie pour les humilier. Pourtant, il y a quelques exceptions, comme cette camarade de classe Mizuki Kitahara. De même, après le départ de Yuko Moriguchi, un autre professeur prend ses fonctions. Son désir d'être un "bon professeur" le pousse à agir parfois de manière disproportionnée. Mais pour quelles raisons ? Quelles sont ses motivations pour continuer malgré le fait qu'on aille jusqu'à lui claquer la porte au nez ?
D'un autre côté, on a les deux meurtriers dont la réaction dérange sérieusement. La décadence de chacun est dévoilée au compte goutte notamment par leurs propres versions. Je ne veux pas trop dévoiler le film, donc c'est difficile de les décrire. Tout ce que je peux dire, c'est que tout deux avaient des souffrances enfouies depuis longtemps en eux, comme une extrême solitude. Si tout deux ont commis le crime, chacun avait une raison différente. Sous couvert de la loi (qui empêche les mineurs d'être punis), peuvent-ils pour autant commettre des crimes au nom de leur conviction ?
Enfin, on a la mère meurtrie par la mort de sa fille de 4 ans et la mort de son compagnon (atteint du SIDA). Si l'on comprend très vite l'immensité de sa peine, je pense qu'il est très difficile de comprendre à quel point elle est déterminée à vouloir rendre la pareille. Et chaque étape du film dévoile un peu plus ses plans, parfois choquant par leur complexité.
LES ACTEURS
J'ai découvert de nombreux acteurs ici, car il est vrai qu'il n'y a pas de "grands" acteurs comme on peut en trouver dans les films populaires. Le jeu est bon et sincère, les répliques et les expressions paraissent tellement vraies !
Ici, la mère découvre dans quel état d'esprit son fils a pu tuer l'enfant de 4 ans.
En plus, POUR UNE FOIS, les acteurs ont vraiment leur âge dans le film !! Chose si rare ! Mais, admettez quand même que la plus mimi dans l'histoire, c'est la petite Mana Ashida ! <3 <3 Trop cute ! *w*
LE FOND
Sous l'image d'une vengeance acide et amère, le réalisateur a réussi a cacher une belle critique de la société japonaise, traduisant un mal-être global. Probablement exagérée, la critique donne quand même de quoi faire réfléchir : je ne sais pas si on peut dire qu'il y a une morale derrière tout ça, mais ça a cogité pas mal dans ma tête lors du générique de fin. Car il ne faut pas oublier que le réalisateur nous montre ici une histoire de meurtre prémédité associé à une vengeance tout aussi réfléchie, où on accepte assez FACILEMENT les raisons de chacun pour se justifier de ses actes...D'où l'ambiance malsaine tout au long du film.
D'après moi, ce film n'est pas à mettre dans toutes les mains : il comporte des scènes choquantes et en suggère d'autres encore plus gores. Pourtant, le travail porté sur la psychologie dans cette oeuvre est sans égal à mes yeux.
Le film est très intense. Je crois qu'il sera une référence pour moi pour longtemps. C'est vrai qu'il est lent à se mettre en place, même très lent. Mais c'est cette lenteur qui donne une atmosphère si lourde et si tendue. Peu à peu, au court du film, les scènes s'accélèrent et permettent une compréhension minutée des situations. Le regard reste scotché sur l'écran, on veut savoir A TOUT PRIX comment...non POURQUOI tout ceci est arrivé. Parce que dès le début on nous offre un semblant de conclusion, on cherche un peu la véritable chute du film, comme un détective qui va enquêter auprès de chaque témoin. Après tout, l'intégralité du suspense, toute l'angoisse et l'anxiété qui s'accumulent au cours du film ne s'essoufflent pas avant la chute des dernières minutes. Et ça, c'est avoir du talent.
J'espère que cette critique vous aura plus et qu'elle vous donnera envie de voir le film :)